Pascal Paoli : père de la Constitution corse
« Toute l’Europe est Corse ». Ainsi s’exclame Voltaire, ému, fasciné même par l’héroïsme de Pascal Paoli dont la légende, de son vivant, passionne l’Europe des Lumières. Héros de l’indépendance de la Corse, Paoli s’employa sa vie durant à faire de son peuple une nation et de son île un Etat, avec sa constitution (pour laquelle Jean-Jacques Rousseau proposa sa plume), son armée, sa monnaie, son université. Né en 1725, excommunié par le pape pour son appartenance à la Franc Maçonnerie, il combattit contre l’occupant génois, puis contre les Français, et multiplia les alliances, notamment avec l’Angleterre qui lui offrit un temps sa protection, avant qu’il ne s’y exile, pour toujours.
Mais parler de Paoli c’est aussi évoquer sa rencontre avec Boswell, le célèbre mémorialiste écossais qui donna aux Corses une aura de liberté et à Paoli la stature d’un héros. Parler de Paoli c’est enfin se pencher sur le mythe paolien. Au cours des années 1760, livres, gazettes, correspondances abondent en éloges, dictés quelquefois par des intérêts nationaux ou privés, le plus souvent par l’enthousiasme. De Catherine de Russie à Frédéric II, l’Europe des Lumières communie alors dans une admiration qui culminera après la défaite de Ponte Novu contre les Français.
Alors « législateur démocrate » ou « despote éclairé »? La réalité est sans doute plus complexe, elle n’en est pas moins passionnante et fait de Paoli, le « père de la patrie corse » en même temps qu’une figure majeure de l’histoire universelle de la liberté.